Cinquante ans après, les Vietnamiens à la recherche d’une unité de conscience

50 ans après le 30 avril 1975 — Un recul suffisant pour voir clair et pour définir un changement.
(Ce texte se veut être une interprétation sommaire d’une publication de Tran Huynh Duy-Thuc, activiste vietnamien très connu, récemment libéré par le régime après plus de 15 ans d’emprisonnement . Il avait toujours refusé une libération anticipée en contre-partie d’un exil.)
Le 30 avril 1975 est commémoré différemment selon les Vietnamiens : jour de “libération et victoire ” pour le régime communiste actuel, de “deuil national et de honte” pour les exilés et réfugiés politiques ou de “réunification du Vietnam” pour les récentes générations d’après guerre
Mais un demi-siècle plus tard, ce dont le Vietnam a besoin ne se limite pas à l’unité territoriale : elle a soif d’une unité de conscience.
On ne bâtit pas l’avenir sur des mémoires divisées et il ne peut y avoir d’unité nationale si la vérité reste triée sur le volet par chaque partie.
Cinquante ans après la guerre , le Vietnam émerge comme un tigre d’Asie et un pays en pleine croissance. Mais comment parler de victoire, de démocratie et de libération quand, après cinq longues décennies , les citoyens ne vivent toujours pas dans la liberté d’expression , la justice équitable pour tous et la dignité comme tant d’autres pays d’Asie ?
Cinquante ans donnent le recul nécessaire pour regarder le passé avec lucidité tant pour les exilés dans le monde que pour les caciques du régime en place. Il ne s’agit pas d’effacer ni de corriger l’histoire, mais de l’explorer en avant — pour que chacun puisse avancer ensemble pour un meilleur Vietnam.
Le courage et la sagesse d’ aujourd’hui seraient de ne plus idéaliser ni diaboliser cette date historique du 30 Avril , mais de regarder en avant pour guérir, de revoir en arrière pour mieux changer et de scruter plus loin pour baliser le chemin.
La génération d’aujourd’hui n’est pas née pour solder les comptes du passé. Elle a besoin d’un avenir prometteur et d’une liberté d’action pour la réaliser et non pas d’un passé révisionniste ou réducteur.
Luy Nguyen Tang