Editorial de Sébastien Desfayes, président

Les droits de l’homme et l’économie ne font pas toujours bon ménage

On pourrait pourtant penser que respect des droits humains et développement économique sont intimement liés. Il ne peut y avoir de croissance économique durable sans état de droit, libertés individuelles, justice indépendante, dignité humaine et lutte contre l’accaparation par certains de l’ensemble des richesses.

Il n’en est cependant rien. La vision à long terme d’une économie au développement équitable et durable, respectueuse de l’environnement et réellement au service de la population relève de l’utopie et l’exemple vietnamien est là pour le démontrer. Le plus grave, peut-être, est la responsabilité de l’occident dans la pérennité d’un régime totalitaire par le biais d’une real politik à la petite semaine.

Preuve ultime du cynisme où l’appât du gain rapide prime la durabilité et le respect des droits humains : l’accord de libre- échange entre l’Union européenne et la République Socialiste du Vietnam qui a pris effet le 1er août 2020.

Cet accord octroie au Vietnam le statut de la nation la plus favorisée dans le cadre des accords conclus par l’EU. Partant, 99% des droits de douane entre les pays de l’UE et le Vietnam sont supprimés. Comme l’a souligné la Commission européenne, il s’agit de l’accord « le plus ambitieux jamais conclu par l’Union avec un pays émergent ». Concrètement, le but est de faire du Vietnam la nouvelle usine du monde.

A part quelques vagues recommandations de pure forme, cet  accord ne comporte aucune norme contraignante s’agissant du respect des droits humains ou même de l’amélioration des conditions de travail au Vietnam. L’on rappellera par ailleurs que le Code pénal vietnamien permet de poursuivre toute organisation syndicale du chef de menace vis-à-vis de l’Etat. C’est donc dire que la protection des travailleurs et de leurs droits est nulle. 

Alors que l’Union Européenne disposait d’un levier important dans le cadre des négociations lui permettant d’infléchir la ligne dure suivie par les apparatchiks de Hanoi et de faire progresser la liberté et la démocratie, force est de déplorer que le profit rapide et maximal a été privilégié.

Les plus optimistes diront que 30% des parlementaires européens se sont opposés à la conclusion du traité, après avoir été sensibilisé par une multitude d’associations, dont le Cosunam, sur le non-respect des principes démocratiques les plus élémentaire au Vietnam et sur la violation systématique des libertés individuelles. 

Peut-être, mais au-delà des beaux discours sur la défense des droits humains, l’Europe a été prise en flagrant délit d’hypocrisie et d’inconséquence.

Au Vietnam, le « parlement » de Hanoi a approuvé l’accord avec 457 voix pour, 26 abstentions et aucune opposition.

Pas de doute, le parti unique a encore de beaux jours devant lui.

L’aggravation des expropriations contre la société civile et religieuse (assaut policier sanglant contre le village de Dong Tâm, violences physiques et intimidations contre le diocèse catholique de Thiên An à Huê) et la recrudescence des emprisonnements contre les activistes comme celui de la famille Trinh Ba Phuong depuis cette année en sont des conséquences douloureuses. •


Trinh Ba Phuong, le lanceur d’alerte du drame de Dông Tâm

Trinh Ba Phuong L’activiste Trinh Ba Phuong entouré des membres de sa famille . Lanceur d’alerte, il avait diffusé les informations sur l’expropriation et le drame sanglant de Dong Tâm.

Né le 26 janvier 1985, il est en prison depuis le 24 juin 2020  sous prétexte de l’article 117 du code pénal vietnamien. Ardents défenseurs des fermiers injustement expropriés,  ses parents Khiêm et Thêu avaient déjà été emprisonnés en 2014 pour ” résistance contre fonctionnaires en service” et ” désordres sur la voie publique”.

Après la sanglante attaque contre le village de Dông Tâm causant la mort de son patriarche Lê Dinh Kinh en janvier 2020, Trinh Ba Phuong avait rencontré des représentants de l’ambassade américaine à Hanoi pour dénoncer les circonstances et événements qui ont eu lieu.

Un procès du régime contre lui et une vingtaine de citoyens vietnamiens arrêtés depuis le 9 janvier 2020 lors de l’assaut sur Dong Tâm est prévu à partir du 7 septembre 2020.

Une dizaine d’ONG des droits de l’homme dont le Cosunam s’en sont alarmés et ont adressé une lettre ouverte à Elisabeth Tichy-Fisslberger, présidente du Conseil des Droits de l’Homme aux Nations Unies à Genève.

Il faut savoir qu’au cours des neuf derniers mois, aucune des personnes détenues n’a été autorisée à voir sa famille. Il leur a également été interdit de rencontrer leurs avocats.

Le Pacte International relatif aux droits civils et politiques (la dernière cession a eu lieu en mars 2019 en présence d’une importante délégation de Hanoi et des membres du Cosunam à Genève) dont le Vietnam est signataire, énumère à l’article 14 qu’un procès équitable implique « suffisamment de temps et de facilités pour préparer [leur] défense et communiquer avec le conseil de [leur] propre choix. » Ces garanties procédurales ont été systématiquement violées avant le procès de ces 29 personnes.


 

                                                                

Avec la participation d’Amnesty International et du groupe GLOBAL FOCUS regroupant 80 associations (Danish umbrella for development and humanitarian NGOs), la communauté vietnamienne au Danemark organise un séminaire sur les droits de l’homme pour alarmer la communauté internationale le 18 septembre 2020.

Cet événement a été inscrit dans l’agenda de la commission des affaires étrangères du parlement danois.

 
 
 
 
 
 

 


Hommage aux amis et membres du Cosunam disparus en 2020

C’est devant une soixantaine d’amis et de membres de famille que Sebastien Desfayes, nouveau président du Cosunam, a rendu hommage aux six membres et amis disparus en ce début tragique d’année. La cérémonie s’est déroulée dans le grand parc du Grand-Saconnex à l’emplacement de la stèle des boat-people vietnamiens. Un moment de partage et d’émotions avec la présence des autorités de la commune MM. Laurent Jimaja et Michel Pomatto. Le souvenir d’ Anne Marie von Arx-Vernon, Dao van Phac, Nguyen gia Tien, Tran van Diem , Jade Minh Nguyen et Rolin Wavre restera à jamais gravé dans nos mémoires.

20200805_Cosunam_050
 
Sébastien Desfayes, président, entouré des membres permanents du COSUNAM, Jean-Marc Comte, Luy Nguyen Tang et Khai Nguyen Dang rend hommage à chacun des disparus en présence des autorités de la commune MM. Laurent Jimaja et Michel Pomatto
 
20200805_Cosunam_235
 
Jean-Marc Comte, vice-président, rappelle les liens d’amitié du Cosunam
avec la commune du Grand-Saconnex
 
Remerciements familles PdC

Recevoir les Newsletters du COSUNAM

Cliquez ici pour lire “Mémoires et nouvelles d’Indochine”

REJOIGNEZ LE COSUNAM

Copyright © 2021 COSUNAM