Pour beaucoup de gens en Occident, le mot Viêt Nam évoque souvent les longues guerres atroces et sanglantes qui s’étalent sur une période de 30 ans après la seconde guerre mondiale de 1939-1945.
Et après 1975, c’est l’image des centaines de milliers de boat people vietnamiens qui bravent les dangers mortels pour fuir leur cher pays. Des centaines de milliers de boat people ont péri en mer ou ont été tués par les pirates.

Après la seconde guerre mondiale, presque tous les pays de l’Asie du Sud-Est vécurent dans la paix et s’attellèrent à reconstruire et développer leurs pays, sauf le Viêt Nam où les communistes vietnamiens, obéissant aux jeux des Chinois et Soviétiques, plongèrent le pays entier dans les flammes de la guerre causant des millions de morts et de blessés pour les deux parties du pays. Des morts vraiment inutiles ! Des guerres insensées, faussement claironnées comme " guerres de libération " !
Malgré tant de souffrances, de deuils, de privations, et vivant dans le dénuement , le peuple vietnamien garde toujours le sourire et affronte avec confiance l’avenir comme leurs ancêtres l’ont fait depuis des milliers d’années. Les gens dans notre pays ne cessent de travailler et de développer le pays, même sous l’oppression des dirigeants actuels
Notre pays est beau avec ses paysages splendides, ses plages de sable, ses rizières à perte de vue et un peuple aimable et doux par nature. Nous vous invitons à découvrir avec nous ce merveilleux pays ayant la forme d’un grand S et qui est souvent comparé à une palanche portant aux bouts deux paniers de riz : les rizières du delta du Fleuve Rouge et celles du delta du Mékong.

Dans les temps préhistoriques, la péninsule indochinoise apparaît comme un point de convergence de diverses populations qui y arrivent à pied, en grande partie du monde chinois, par de petites vallées intérieures.
D’autres ethnies viennent des mers chaudes (Indonésie, Mélanésie, Australie), par voie maritime. Ces peuplades s’installent dans le repli des baies, des golfs et des deltas, 3000 ans avant notre ère.

Naissance de la nation Viêt

Vingt siècles avant notre ère, un nouvel arrivant venu de Chine apporte la civilisation du bronze (appelée "dôngsonnienne", du nom du site de Dông Son). Ses premières manifestations artistiques véritables sont les tambours de bronze, considérés comme des objets de culte et dont le pouvoir surnaturel devait être de faire tomber la pluie.

A cette civilisation de bronze, on peut opposer celle de la terre cuite : divers objets trouvés dans les sépultures de personnages importants attestent d’une occupation du pays par les Chinois, au IIIème siècle avant J.C.

vn3.gif Quatre siècles auparavant, une confédération de diverses ethnies s’était organisée autour du golfe du Tonkin, sous le nom de Van Lang (Pays des hommes tatoués). Annexée au IVème siècle avant J.C par des populations des plaines intérieures, elle devient le royaume de Au Lac avec pour première capitale Loa Thanh (la cité de la Conque), sur le site actuel de Cô Loa, près de Hanoi.
Mille ans de domination chinoise

Au 2ème siècle avant notre ère, la dynastie chinoise des Han impose sa puissance au pays et le divise en trois commanderies, dirigées par des "mandarins" locaux. L’occupation étant très souple, le Tonkin importe du Grand Empire les techniques de riziculture et d’hydraulique pour lutter contre les caprices du Fleuve Rouge, tandis que l’intelligentsia adopte l’écriture, les sciences, la médecine et les grands courants philosophiques de l’Empire du Milieu : Confucianisme, Taoïsme et, peu après, Bouddhisme.

Au 1er siècle éclate la révolte du peuple vietnamien contre l’occupant, dirigée par les sœurs Trung, les "Jeanne d’Arc du Viêt Nam". Mais peu de temps après, la révolte des sœurs Trung est matée et les troupes chinoises réinstallent leur domination. Les Tang qui prennent le pouvoir en Chine en 618 renforcent cette domination en instaurant un solide appareil colonial.

Parallèlement se constituent, suite au développement de relations maritimes entre la péninsule indochinoise et le monde indien, divers petits royaumes indianisés, tel le Champa (Centre Viêt Nam) et le Fou-Nan (Sud Viêt Nam).

La marche vers l’indépendance

A la chute des Tang en 907, les troubles en Chine offrent aux Vietnamiens l’occasion de s’affranchir de la tutelle chinoise. En 939, le général Ngô Quyên vainc les troupes chinoises et instaure pour la première fois l’indépendance du Viêt Nam. Cependant, les seigneurs locaux du Viêt Nam se livrent à une guerre intestine jusqu’en 967. A cette époque, c’est la dynastie de Song qui règne en Chine. Les Song se désintéressent de ce pays appelé "au-delà du Sud". En 968, le premier empereur Dinh Tiên Hoang crée le Dai-Viêt, première appellation du pays. Hanoi est alors fondée, le palais du souverain comporte quatre étages sculptés de dragons et de cigognes peints en orange et laqués, avec des sols dallés de terre cuite ornementés d’animaux et de paysages.

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L’écriture de la langue vietnamienne

Le vietnamien est une langue monosyllabique et tonale. La prononciation et l’accentuation ont une importance primordiale: le même mot prend différentes signfications selon son accent.

La longue influence chinoise explique que de nombreux mots chinois se soient incorporés au vietnamien. Cette domination s’est insinuée jusque dans l’utilisation des caractères chinois, appelés "chu nho" (sino-vietnamien).

La tentative de lettrés vietnamiens de créer une écriture vietnamienne ne fut pas couronnée de succès. Au XIIIème siècle, le poète Nguyên Thuyên, systématisa les diverses tentatives de ses prédécesseurs et établit une écriture mi-idéographique, mi-phonétique, le "chu nôm" (caractères démotiques), qui est encore plus compliqué que le chinois.

Le père jésuite Alexandre de Rhodes est à l’origine de la romanisation phonétique de la langue. Il apprit rapidement le vietnamien et publia en 1651 le premier Dictionnaire vietnamien, portugais et latin en "quoc ngu".

Cette transcription de la langue vietnamienne dans nos caractères alphabétiques, avec les cinq accents pour traduire les nuances, fut d’abord utilisée par l’Eglise catholique et devint ensuite la langue nationale de tout le pays.

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Le "quoc ngu", résultat de la romanisation phonétique de la langue:

Durant les cent ans qui limite la vie humaine
Comme la Talent de la Destinée excelllent à s’exclure (à se haïr)
A travers les changements des mers en champs de mûriers,
On voit tant de spectales qui attristent le coeur...
(Kim Van Kieu), traduction D.-H. Long

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Dès 980, la dynastie des Dinh est remplacée par celle des Lê (908-1009). Les Lê sont renversés par les Ly qui prennent le pouvoir de 1010 à 1225. Les empereurs Ly s’engagent dans une campagne de conquête des terres du Centre et du Sud, au détriment des royaumes de Champa qui doivent fuir vers le delta du Mékong, en pays Khmer. L’héroïque dynastie des Trân (1225-1400) réussit le tour de force de chasser les envahisseurs mongols par trois fois, alors que les Chinois n’y étaient pas parvenus.

En 1400, un haut dignitaire, Hô Quy Ly, s’empare du trône sous prétexte de rétablir la dynastie impériale et se place sous l’autorité chinoise des Ming (1360-1644), qui réoccupent le pays. Mais le Viêt Nam prend ses distances géographiques avec la Chine par suite du transfert de la capitale de l’Empire Céleste de Nankin à Pékin. La lutte s’organise pour chasser l’occupant, les généraux prennent la tête de la révolte, et un chef de bande audacieux, Lê Loi, fonde en 1428 la dynastie des Lê postérieurs, qui restera sur le trône jusqu’en 1789.

Le XVIème siècle est troublé par de nombreuses jacqueries, le pays est déstabilisé à la suite de la progression des Viêts vers le Sud. Une rivalité oppose les Trinh, seigneurs du Nord, aux Nguyên, seigneurs du Sud, de part et d’autre du 17ème parallèle.

En 1672, les Trinh et les Nguyên font enfin la paix. Les Nguyên transfèrent leur capitale à Huê en 1687 et entrouvent le pays à l’Occident. Déjà se créent les comptoirs commerciaux ; Portugais, Chinois, Japonais, et Hollandais se succèdent sur les petits ports bien abrités le long de la côte, comme Hôi An, tandis que les missionnaires commencent l’évangélisation du pays.

La formation du Viêt Nam moderne

En 1771, profitant des transformations sociales, trois frères habitant dans le village de Tây Son, après un détournement des impôts collectés, provoquent une grande vague de protestation à travers tout le pays. Très habilement, ils chassent les Nguyên et les Trinh, montent sur le trône des Lê, puis se font expulser par les Nguyên en 1801. Ces derniers avaient trouvé appui auprès des missionnaires français dès 1783, ainsi qu’auprès des Français d’Inde et des Chinois de Macao.

Le prince Nguyên Anh, qui réussit à reconquérir l’intégralité de son territoire, entre à Huê en 1801 et se proclame empereur l’année suivante sous le nom de Gia Long. La famille des Nguyên (1802-1945) constituera, dès 1804, un Etat unitaire nommé Viêt Nam, avec des frontières semblables à celles d’aujourd’hui.

 
Le règne des empereurs de la dynastie des Nguyên

Gia Long 1802-1819.
Vainqueur des usurpateurs Tây Son. Réussit à unifier l’Annam. Nomme son empire Viêt Nam. Fondateur de la dynastie Nguyên.
Minh Mang 1820-1840.
Politique anti-européenne et anti-chrétienne. Réglemente les études et fait exécuter des travaux d’utilité publique. Aurait eu 142 enfants. Etablit la monarchie absolue.
Thiêu Tri 1841-1847.
Hostile à l’Occident. Détruit tous les objets d’origine européenne à l’intérieur de son palais. Le Cambodge lui cède la Cochinchine en 1845. A eu 64 enfants.
Tu Duc 1848-1883.
Pratique une politique anti-religieuse. Cède la Cochinchine à la France puis s’allie à la Chine pour chasser les Français du Tonkin. Poète, auteur de divers ouvrages en langue chinoise.
Duc Duc 1883.
Neveu de Tu Duc. A régné 3 jours. Condamné par la cour de Huê pour ne pas avoir suivi les prescriptions rituelles " du deuil et du jeûne ".
Hiêp Hoa 1883.
Fils de Triêu Tri. A été empoisonné par une de ses concubines, après quatre mois de règne.
Kiên Phuc 1883-1884.
Fils adoptif du Tu Duc. Ne pouvant régler le problème de la piraterie, se fait déposséder du Tonkin par la France.
Ham Nghi 1884-1885.
Frère de Kiên Phuc. Déchu du trône, il erre pendant 3 ans dans la région de Thanh Hoa. Exilé en Algérie, en 1888, sous le nom de " prince d’Annam ".
Dông Khanh 1885-1889.
Neveu et fils adoptif de Tu Duc. Son pouvoir est supplanté par l’autorité du gouvernement.
Thanh Thai 1889-1907.
Fils de Duc Duc. Déposé par décision du gouvernement français, puis exilé à la Réunion. Retourne au Viêt Nam en 1907.
Duy Tan 1907-1916.
Fils de Thanh Thai. Déclenche un soulèvement contre la France en 1916. Le complot échoue. Il est déporté à la Réunion et se place au service de la France en 1945. Meurt dans un accident d’avion. Retour de ses cendres au Viêt Nam en 1987.
Khai Dinh 1916-1925.
Fils de Dong Khanh. A supprimé le concours des Lettrés instauré par les Chinois.
Bao Dai 1925-1945.
Fils unique de Khai Dinh. Abdique en 1945 pour s’installer à Hong Kong. La France l’appelle en 1948. Doit quitter le Viêt Nam en 1955. A vécu en France. Etait détenteur du sceau impérial jusqu’à son décès en juillet 1997 à Paris.

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L’intervention de la France et les incertitudes coloniales

Gia Long disparaît en 1820. Il avait su tirer parti de ses relations avec la France tout en sauvegardant l’indépendance de son pays. Son successeur Minh Mang (1820-1841), fin lettré, investi des fonctions que lui impose le "mandat du Ciel", s’isole dans un conservatisme qui entrave les visées hégémoniques européennes. Son sucesseur, Thiêu Tri (1841-1847), pratique la même politique qui consiste à refermer le pays sur lui-même. La France, en 1847, lance alors une expédition militaire contre les forces impériales dans la baie de Tourane (Danang) : l’ère coloniale est ouverte.

En deux décennies, après la prise de Saigon en 1857, tout le delta du Mékong et les provinces du Sud sont conquis. La Cochinchine devient colonie française en 1862. Un sort différent est réservé au Centre et au Nord où, dès 1883, sont créés les protectorats d’Annam et du Tonkin. S’y ajoutent le Laos et le Cambodge pour constituer l’Union Indochinoise en 1893. La mise en valeur du pays commence avec Paul Doumer (1896—1902), gouverneur général de l’Indochine qui, selon la Constitution, cumule tous les pouvoirs: politique, administratif et militaire. Une réforme de l’enseignement permet le recrutement de petits fonctionnaires et l’émergence d’une nouvelle intelligentsia vietnamienne qui ne tarde pas à exprimer des velléités de révolte jusqu’à l’obtention de l’indépendance.

 
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LA DIASPORA VIETNAMIENNE

Près de deux millions et demi de Vietnamiens vivent hors de leur terre d’origine, on les appelle les Viêt Kiêu.

Fuir pour survivre

Commencé au XIIIème siècle, sous la dynastie des Ly, l’exode des Vietnamiens n’a cessé de se poursuivre jusqu’à nos jours.

Entre les deux guerres mondiales, beaucoup de Vietnamiens choisirent la France pour y achever leurs études ou trouver du travail, et décidèrent souvent d’y demeurer.

A la chute de Saigon, en 1975, des millions de réfugiés fuirent les zones de combat et voulurent échapper au nouveau régime. Un grand nombre de Vietnamiens, les boat people, choisirent l’exode sur de petits bateaux, souvent au péril de leur vie. Une population déracinée, se retrouva ainsi dans les camps d’accueil de Thaïlande ou de Malaisie où elle fut prise en charge par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’ONU.

Dès 1977, les Etats-Unis furent le premier pays à recueillir les réfugiés vietnamiens. Ils sont actuellement plus d’un million établis en Californie et autour de Washington, formant dans les centres urbains des " Little Saigon ". L’Australie, quant à elle, a reçu près de 200’000 réfugiés. Tandis que les pays de l’ex-bloc soviétique ont attiré plusieurs milliers de Vietnamiens qu’ils ont fait venir au titre de " travailleurs en mission patriotique ".