CE SENTIMENT D'ESPOIR

(Discours de M. Thierry Oppikofer, Président du Comité Suisse-Vietnam COSUNAM
prononcé lors de la fête du Têt le samedi 6 février 1999)

Mesdames, Messieurs, chers amis vietnamiens et amis du Vietnam,

En cette neuvième année depuis la création du Comité suisse Vietnam, je voudrais vous adresser un bref message qui sera marqué par trois sentiments étroitement liés entre eux. Le premier c'est la joie, leTêt est une fête joyeuse et puis le spectacle magnifique dont nous avons déjà eu un avant-goût, ce spectacle organisée par Madame Hông que je vous demanderai d'applaudir parce qu'elle le mérite. Ce magnifique spectacle est un spectacle joyeux et puis ce qu'il y a d'agréable et de joyeux c'est de trouver autour de nous beaucoup d'Européens, beaucoup de doubles-nationaux et notamment tous nos amis fidèles depuis quasiment le premier jour, c'est-à-dire depuis bientôt dix ans.

Je voudrais citer le conseiller administratif de la ville de Genève, Monsieur Michel Rossetti, Monsieur Pierre Marti, député, ainsi que toutes sortes d'autres personnalités qui ne sont peut-être pas toutes présentes physiquement ici mais qui ont signé notre appel et nos appels à la liberté et à la démocratie au Vietnam. Je voudrais également remercier l'équipe du parti démocrate-chrétien du Grand-Saconnex qui s'occupe toujours de l'organisation technique de cette soirée et puis les services des espaces verts de la ville de Genève qui nous fournissent les éléments de décoration florale. Du côté vietnamien, je voudrais saluer le représentant de l'Alliance Vietnam Liberté, Monsieur Nguyen Ngoc Bao, et puis également les représentants des associations vietnamiennes de tous les coins de Suisse et de l'étranger, de l'Association Interprofessionnelle Vietnamienne, de l'Association des anciens combattants de l'armée de la République du Sud-Vietnam, notamment Monsieur Tran Huu Kinh, de la Ligue vietnamienne des droits de l'homme, Monsieur Hoang Nguyen, et également de l'Association pour l'enfance au Vietnam, Monsieur Dinh Van Ban.

Alors comme je disais, premier sentiment la joie, deuxième sentiment l'émotion. En effet, nous avons parmi nous ce soir une personne qui, il y a quelques mois, était encore en prison subissant des traitements inhumains dans le Vietnam actuel. Ce Monsieur, qui s'appelle Pham Van Dung, est ici parmi nous. Monsieur Hoang vous le présentera plus précisément tout à l'heure. Je ne crois pas qu'il y ait un projecteur prévu pour l'éclairer; je ne lui demanderai donc pas de se lever mais je vous demanderai de lui faire un accueil chaleureux. Monsieur Pham est venu de Paris où il a pu retrouver la liberté. Il est également double-national français, mais comme vous le savez, les maîtres actuels du Vietnam ne reconnaissent pas le passeport français, le passeport suisse ou, comme l'a récemment vécu je crois un homme d'affaires d'origine vietnamienne qui avait le passeport hollandais, ils ne reconnaissent pas non plus le passeport hollandais. Il a été condamné à treize ans de prison pour corruption alors qu'en fait il avait plutôt essayé d'échapper aux rackets des autorités. Lorsque nous avons été à Bruxelles, il y a maintenant deux mois, c'était le 4 décembre, nous avons participé à la journée vietnamienne des droits de l'homme organisée par l'Alliance Vietnam Liberté où nous avons rencontré deux des camarades de détention de Monsieur Pham et leur témoignage était absolument bouleversant. Donc je crois que le message qu'ils nous ont adressé et que je voudrais vous transmettre est: ne croyez pas qu'il est inutile de parler de la situation dans les camps et dans les prisons au Vietnam; ne croyez pas, comme certains vous le disent et, malheureusement il faut bien le dire, certains de nos compatriotes suisses, français et européens vous le disent, non, non, il ne faut pas parler des prisonniers parce qu'ils vont être victimes de brimades si on sait qu'à l'étranger ils ont fait passer des messages, on les soutient. Eh bien ce n'est pas vrai, au contraire c'est en les soutenant et en ne les oubliant pas que les autorités finissent par, soit les libérer, soit en tout cas améliorer le traitement qui leur est réservé.

Et puis le troisième sentiment, je crois que vous le comprendrez, ces bougies le symbolisent, l'espoir. Bien que le Vietnam aille mal, ou plus exactement sa population aille mal, ses dirigeants vont toujours bien, ne nous inquiétons pas pour eux, bien que le fameux article 31 CP qui autorise désormais la police et l'armée tout à fait légalement, enfin dans la légalité du Vietnam, d'arrêter les gens et de les détenir aussi longtemps qu'ils les souhaitent sans jugement et sans raison valable, bien que cet article soit en vigueur depuis de nombreux mois, bien que les camps soient encore pleins, bien que les rapatriement forcé des Vietnamiens, notamment d'Allemagne, se poursuive et que ces gens se retrouvent évidemment à la merci de leurs anciens geôliers qu'ils avaient réussi à fuir et également bien qu'on ait eu à déplorer en janvier dernier plusieurs exécutions d'opposants, je crois qu'il faut quand même garder l'espoir puisque aujourd'hui, au moment où je vous parle, sur France Info, défile trois ou quatre fois par heure une interview d'un ex-prisonnier vietnamien qui témoigne de la réalité au Vietnam et ce n'est pas la seule manifestation dans la presse. Nous avions tout à l'heure un journaliste de la Tribune de Genève qui est venu. Et je crois que notre effort pour faire connaître le sort des populations au Vietnam commence enfin à porter ses fruits. Alors sur ce sentiment d'espoir, l'espoir que nous gagnerons, l'espoir que d'ici le deuxième millénaire, c'est-à-dire la fin de l'an 2000, le Vietnam aura retrouvé son rang parmi les nations libres et n'aura plus à se battre pour d'autres, pour des idéologies, des raisons politiques, des raisons économiques qui ne le regardent pas, et pourra bénéficier de son indépendance, je voudrais vous souhaiter au nom du Cosunam une excellente année du chat.

Vietnam tu do muon nam!

Grand-Saconnex / Genève

6 févier 1999