Un cas, pour exemple: M. Hoang Minh Chinh

Depuis 1991, le COSUNAM a lancé une série d’appels en faveur des prisonniers politiques au Vietnam. Le cas de M. Hoang Minh Chinh, cadre éminent du Parti communiste, ancien recteur de l’Institut de Philosophie de Hanoi, en est un. A fin août 1996, nous avons reçu son émouvant message envoyé clandestinement de Hanoi via les USA et la France. Rappelons que notre intervention pour M. Hoang Minh Chinh s’est fait sous la forme d’un appel solennel envoyé à l’ambassade de Hanoi en même temps que les signatures d’une quarantaine de parlementaires suisses (voir notre numéro de janvier 1996). Voici la traduction du message de M. Hoang Minh Chinh:


Honorables Mesdames, Messieurs du Cosunam,

Récemment, après avoir purgé 12 mois d’emprisonnement pour activités antigouvernementales qui m’étaient imputées sans preuves et d’une façon illégale, je suis très ému d’avoir reçu la lettre du Comité Suisse-Vietnam du 6-11-95 portant le titre "L’appel aux autorités de la République Socialiste du Vietnam pour la libération de M. Hoang Minh Chinh et M. Do Trung Hieu". Votre appel fut envoyé juste 2 jours avant l’audience du Tribunal de première instance de Hanoi.

L’appel des représentants du COSUNAM revêt un haut caractère d’humanisme et de démocratie libérale basée sur des fondements juridiques solides. Cet appel reflète les Droits de l’homme inscrits dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration des Droits de l’homme (10-12-1948, ONU) que les pays membres ont le devoir de respecter.

Malheureusement, ce juste appel n’a pas été entendu. De plus, dans toutes les deux audiences de la Cour de première instance de Hanoi et de la Cour d’appel en dernière instance, les juges ont déclaré que nous serons jugés publiquement et selon la loi. Cependant, au jour du jugement, les deux tribunaux ont changé de cap de 180 degrés - ils ont décidé de nous juger à huis clos dans le secret absolu, violant ainsi la Constitution de la République Socialiste du Vietnam (art.131) et le Code de Procédure Pénale (art.19) qui stipule clairement: "L’audience du Tribunal doit se dérouler en public et tous les citoyens ont le droit d’y assister."

(...) En ce qui me concerne, je n’ai pas failli à votre sollicitude à mon égard, Honorables Messieurs représentants du COSUNAM. Dans ma dernière déclaration devant le Tribunal, j’ai déclaré solennellement:

"Peu importe les années d’emprisonnement auxquelles je serai condamné, la Vérité est de mon côté. Je lutte pour la liberté et la démocratie, pour la patrie, pour les Droits de l’Homme. Ma conscience est tranquille. Cela est sacré pour moi."

Permettez-moi d’exprimer ici ma profonde gratitude qui vient du fond de mon cœur pour votre Appel et pour votre esprit d’humanisme, de liberté et de démocratie.

Avec mes respects.

Hoang Minh Chinh
(Ancien recteur de l’Institut de Philosophie de Hanoi)


Deux dissidents condamnés

Deux vétérans dissidents de la révolution vietnamienne ont été condamnés mercredi 8 novembre 1995 par le tribunal populaire de Hanoi. Hoang Minh Chinh, 76 ans, et Dô trung Hiêu, 57 ans, arrêtés en juin 1995, ont été condamnés à douze et quinze mois de prison ferme pour avoir mis en cause le monopole du parti communiste sur la vie politique. Le procès, malgré l’intervention des instances juridiques internationales et de nombreuses organisations des Droits de l’homme (Le Cosunam a officiellement envoyé une lettre de protestation à la représentation de Hanoi à Genève ), s’est déroulé de manière scandaleuse : une centaine de "citoyens" triés sur le volet ont pu assister au débat, les accusés n’ont pas eu le choix de leurs avocats, seuls cinq membres de la famille ont été admis dans l’enceinte du tribunal et la "sentence" a été rendue en un seul jour.

L’opinion internationale retiendra le fait que le futur Etat de droit, annoncé à grand renfort de publicité par Hanoi pour l’année 1996 , venait de faire son premier auto-goal!