Dialogue avec les Human Rights and Policy du Département  Fédéral des Affaires Etrangères

(DFAE) à Berne 

Le 10 octobre 2016, une délégation du Cosunam, composée de Rolin Wavre, président, de Dang Xuong Hung (ancien consul du Vietnam et au bénéfice du statut de réfugié politique depuis avril 2016) et de Luy Nguyen Tang, secrétaire général, s’est rendue à Berne pour rencontrer Mmes Sandra Lendenmann Wintenberg, chef du bureau suisse pour les droits de l’homme et Valérie Wagner, responsable du dossier pour l’Asie.

Constructif et direct, l’entretien a duré une soixantaine de minutes en même temps (coïncidence voulue ou hasard du calendrier protocolaire ?) que la réception d'une délégation vietnamienne dans une autre salle de la coupole fédérale en la personne de Mme Tòng Thị Phóng, vice-présidente de l’Assemblée nationale vietnamienne.  

La délégation du Cosunam a pu insister  sur les trois dossiers suivants et transmettre une grande quantité d’informations factuelles qui devraient alimenter le dialoque de la Suisse avec ses interlocuteurs gouvernementaux  :                  

Prisonniers de conscience   

Rappel de la  situation de détention dramatique de cinq prisonniers de conscience Đặng Xuân Diệu, Hồ Đức Hòa, Mme Nguyễn Đặng Minh Mẫn, Mme Trần Thị Thúy et l’avocat Nguyễn Văn Đài. Plusieurs mesures concrètes seront ainsi suggérées lors de la prochaine rencontre bilatérale sur les droits humains du 18 octobre 2016 entre la Suisse et le Vietnam. Rappelons aussi que s’est constituée une coordination de quatre Etats (Suisse, Norvège, Canada et Nouvelle-Zélande) dont les ambassades à Hanoi travaillent ensemble pour défendre les droits humains, preuve que nos actions en la matière ne sont pas vaines.

Présentation du dossier   "Shadow Report on Police torture in Vietnam"       

Rapport accablant et détaillé d’une centaine de pages sur les cas individuels de sévices et de tortures dans les prisons vietnamiennes de 2013 à 2015. Ceux-ci ont été infligé aux détenus au mépris de la convention contre la torture pourtant signée et ratifiée par l’Etat vietnamien les 7/11/2013 et  5/2/2015. Rappelons que ce dossier préparé par trois ONG avec le soutien de Viet Tan a été envoyé en avril 2016 aux agences des Nations-Unies qui s’occupent des droits de l’homme et des victimes de tortures ( voir www.cosunam.ch/ informations).

Remise officielle de la pétition «Pour la liberté d’expression et de manifestation au Vietnam».

Lancée en juin avec le soutien de dizaines de personnalités suisses, après le drame de la pollution maritime de 200 kms de côtes causée par l’entreprise chinoise Formosa, elle dénonce la corruption et l’inertie des autorités locales en la matière. Elle met surtout le doigt sur la répression des autorités contre toute manifestation ou dénonciation publique sur ce drame.  Une manifestation monstre a réuni plus de 15'000 personnes sur place le 2 octobre dernier.

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La société civile se mobilise au Vietnam

Après le drame écologique, quelle action concrète ?

Des centaines de pêcheurs ont déposé plainte au Tribunal populaire de Ky Anh , province de Nghe An, contre l’aciériste Formosa, soupçonné d’être derrière une vaste pollution maritime qui a fait s’échouer des tonnes de poissons sur les plages de quatre provinces du centre du pays; la pêche étant l’un des moteurs des exportations vietnamiennes.

Le Père Antoine Dang Huu Nam, curé de la paroisse de Phu Yên et représentant de la communauté des pêcheurs de la région, confiait à la BBC : "Notre population porte plainte contre l’usine Formosa non pas seulement pour défendre ses propres intérêts individuels, mais aussi "au nom du peuple".

Formosa : les pêcheurs se mobilisent pour leur plainte.

Pas d’autre choix que d’aller en justice

"Des T-shirts et des panneaux barrés d’un squelette de poisson" , voilà maintenant plusieurs mois que les pêcheurs de Ha Tinh manifestent. Un mouvement déclenché par une lettre du responsable de la Commission " Justice et paix" de l’épiscopat du Vietnam, l'évêque de Vinh, le troisième diocèse le plus important au Vietnam, qui compte 500'000 fidèles.

« L’évêque a écrit une lettre pastorale très offensive qui met en cause, dès le début, l’incurie des autorités face à cette pollution, témoigne Jean Maïs, spécialiste du Vietnam à l’agence Eglise d’Asie. Les dernières manifestations ont eu lieu dans une paroisse. Ils sont allés remettre au tribunal local une plainte contre le complexe sidérurgique Formosa. »

Lors de la Journée de l’environnement au mois d’août, des milliers de catholiques inspirés par l’encyclique du pape sur l’écologie ont bloqué les routes du centre du pays.

Les pêcheurs demandent un réajustement des 462 millions d’euros de dédommagements acceptés hâtivement par les autorités vietnamiennes, un montant jugé insuffisant face aux dégâts provoqués par cette pollution en mer.

En guise de conclusion, le curé de Phu Yên a cependant fait remarquer que s’il existait davantage de démocratie dans le pays, ce n’est pas la population qui aurait dû porter plainte mais l’Etat vietnamien. Il a ajouté que la solution juridique n’avait pas été le premier choix envisagé par les victimes dans leur lutte pour la justice, mais qu’elle était la seule solution qui leur restait.

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Si vous voulez aider la plainte collective des pêcheurs

Le dossier de la pollution maritime Formosa se trouve sur le site www.cosunam.ch / Informations. Une plainte collective requiert un fonds estimé à $ US dollars 150'000.- soit CHF 130'000.- environ. Un appel a été lancé depuis le Vietnam.

Responsable et coordinateur : le Père catholique Lê Ngọc Thanh

https://www.facebook.com/lmlengocthanh/posts/707744802707869

Vous pouvez faire une contribution :

1. Par versement bancaire:

Đặng Hữu Nam  (Père catholique de la paroisse de Phu Yên )
Maritime Bank (USD): 22001372001570.
Maritime Bank (VNĐ): 22001012900830.

2. Par versement direct :

–  Nord-Vietnam: au Père catholique Joseph Trịnh Ngọc Hiên, Bề trên DCCT Hà Nội, 180/2 Nguyễn Lương Bằng, quận Đống Đa, Hà Nội

– Sud-Vietnam: au Père catholique Antoine Lê Ngọc Thanh, Phòng CLHB, 38 Kỳ Đồng, quận 3, Ho Chi Minh Ville.

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Article par feu JAN MAREJKO, un ami du Cosunam qui nous a quitté brusquement il y a quelques jours. Philosophe, écrivain et ancien journaliste à L'AGEFI, Jan avait une longueur d'avance sur les perspectives d'avenir du Vietnam. Nous voulons lui rendre hommage en reprenant des extraits de son article dans l'ouvrage sur la diaspora vietnamienne en Suisse paru en 2005 (voir www.cosunam.ch). Aujourd'hui, nous ne pouvons constater hélas que ses prédictions se sont bien réalisées : corruption, répression des libertés, capitalisme sauvage et pollution de l'environnement ont sapé à ce jour les chances pour un meilleur Vietnam.

Quel scénario pour le Vietnam 

En 1975, le Vietnam a été pris dans le filet du totalitarisme et il en est toujours prisonnier. Aujourd’hui, la question essentielle pour la diaspora vietnamienne est celle de savoir quand le régime actuel s’effondrera?

A terme, la croissance dans un régime de parti unique conduit à la misère

Il faudrait évidemment être prophète pour donner une date. Cela dit, nous disposons aujourd’hui de certains éléments d’analyse qui nous permettent d’affirmer qu’un régime à parti unique et à économie planifiée ne peut pas durer éternellement. D’abord parce que son économie est de plus en plus malade. Certains rétorqueront peut-être que la croissance chinoise dément cette proposition. Rien n’est moins sûr. La croissance économique, en Allemagne sous Hitler ou en Russie sous Staline, était remarquable. Mais elle s’accompagnait d’atrocités et aggravaient des inégalités. A terme, cette croissance a conduit à la misère. On peut aisément admettre qu’un régime totalitaire puisse connaître une embellie économique passagère, mais on ne peut pas soutenir sérieusement qu’il ait un avenir. A plus ou moins long terme, il va se retrouver dans des difficultés structurelles telles que soit il s’écroulera, soit il devra montrer son vrai visage.

Le visage du Vietnam pour les défenseurs des droits de l'homme et de la démocratie

Le degré de corruption rend sans espoir un lendemain meilleur pour la population

Le parti est inquiet: il se donne les moyens de réprimer brutalement les révoltes spontanées qui éclatent partout dans le pays. Le gouvernement parviendra-t-il à se maintenir au pouvoir en se montrant sans merci face aux opposants ou aux critiques en provenance de l’étranger? Ce n’est pas impossible, mais à une condition, à savoir que les membres du parti unique doivent faire preuve d’une certaine vertu et croire en l’idéologie qui légitime leur pouvoir. Or, pour autant que nous puissions en juger, la vertu des dirigeants vietnamiens n’est pas au dessus de tout soupçon. «Transparency International» comme il est rappelé à la page 64, place le Vietnam au 102e rang (sur 146 pays), ex-aequo avec l’Ouganda, Papou-Nouvelle Guinée et quelques autres pays. Comme on ne peut jamais gouverner par la force seule et qu’il faut toujours légitimer son pouvoir par allégeance à quelque doctrine de salut divin ou terrestre, il vient un moment où le degré de corruption fait paraître cette allégeance ridicule. Comment est-ce qu’un commissaire du peuple en principe au service du progrès et de la victoire  du prolétariat serait encore crédible lorsqu’il accumule les bakchich? Un peuple peut accepter la misère ou la régression économique s’il peut garder l’espoir de lendemains meilleurs. Mais un tel espoir disparaît lorsque la corruption, justement, gagne toutes les couches du parti au pouvoir. Autrement, la faible performance économique du Vietnam, en elle-même, ne signale pas nécessairement l’effondrement de son régime inique. Mais articulée sur une corruption grandissante, elle va nécessairement conduire à une perte de légitimité du régime.

Les jours du régime sont comptés

Au moment où il deviendra évident, aux yeux du peuple vietnamien, que le déclin économique s’accompagne d’un haut degré de corruption et qu’il y a, entre ces deux phénomènes et pour employer une formule favorite des communistes, une dialectique infernale, les jours du régime seront comptés. On peut s’en réjouir, mais il ne faut pas non plus se faire d’illusion. Un régime à l’agonie peut faire couler le sang en abondance car il peut encore, comme les dragons des vieilles mythologies, donner de mortels coups de queue. L’essentiel, pour la diaspora vietnamienne et pour les dissidents consistera alors à essayer d’imaginer des scénarios qui permettent de neutraliser ce dragon le jour où il pourra donner encore quelques coups de queue.

Jan Marejko, avril 2005

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Soirée annuelle COSUNAM

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Le Cosunam a l'honneur de vous présenter un témoignage écrit de M. Nguyen Kim de la communauté vietnamienne à Lausanne sur sa famille de 1941 à 1981. Un éclairage émouvant de l'histoire du Vietnam et de sa société de l'époque qui est dédié aux secundos de la communauté vietnamienne réfugiée et à leurs amis suisses.

MES QUARANTES ANNEES DE LA GUERRE DU VIETNAM

www.my40yvietnamwar.wordpress.com

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