En Suisse, contrairement au Vietnam, l'Etat ne décide pas de tout, les citoyens votent quatre fois par an sur des sujets importants ou parfois secondaires. Tous les impôts sont approuvés par le peuple, ce qui est unique au monde. Tous les cinq ans à Genève, dans cet espace de multipartisme, nous élisons nos autorités cantonales. C’est le moment de choisir ceux qui vont prendre une grande quantité de décisions, petites et grandes, chaque jour. Ils vont nous représenter au Conseil d’Etat (gouvernement) et au Grand Conseil (parlement).

Dans cette édition spéciale de notre newsletter, nous souhaitons vous orienter sur les personnalités politiques qui, selon nos expériences et nos contacts à ce jour, se sont montrées particulièrement bienveillantes  pour l'intégration des citoyens d'origine vietnamienne à Genève. Ces personnes se sont notamment engagées ou prononcées pour les droits de l’Homme au Vietnam et partout ailleurs, chaque fois que c’est nécessaire. Ce sont ces Amis du Vietnam libre que nous avons eu le plaisir de recevoir lors de nos manifestations ou qui se sont associés à nos appels et pétitions. Et c’est sur eux que nous compterons dans le futur pour appuyer nos efforts d'informations pour plus de démocratie au Vietnam et pour des actions concrètes en soutien des prisonniers politiques et de conscience.

Pour le Grand Conseil (le parlement genevois) :

Anne-Marie von Arx-Vernon, Rolin Wavre, Elizabeth Boehler-Goodship, Sébastien Desfayes, Natacha Buffet-Desfayes, Simon Brandt, Patricia Bidaux- Rodriguez, Jean-Luc Forni, Simone de Montmollin, Jean-Marc Guinchard, Pierre Conne, Thomas Putallaz, Emmanuelle Merle,  Wicky Raymond

Simon Brandt, Conseiller municipal

Alors que la communauté vietnamienne de Suisse marque cette année les 50 ans du massacre de la ville de Huê par les troupes communistes de " libération nationale" (au moins 2'800 victimes recensées), je relève que nous avons aussi commémoré avec elle il y a quelques années en arrière en 2004 les 50 ans des accords de Genève. Et que si ces derniers avaient été respectés, nous n'aurions aujourd'hui pas à marquer ce triste anniversaire du drame de Huê.

Alors que la Ville de Genève se veut la capitale des droits de l'homme, j'ai toujours trouvé incompréhensible le silence de certains sur ce qui se passe au Vietnam. Notamment lorsqu'il s'est agi de prendre des positions fermes sur les cas de violation des droits de l'homme dans ce pays.

Présent en 2005 à l'inauguration de la stèle des boat people au Grand-Saconnex, je déposais quelques mois plus tard un texte au Conseil municipal de la Ville de Genève pour réclamer la fin des voyages du maire de Genève de l’époque dans des pays ne respectant pas les règles élémentaires des droits de l'homme. Avec une pensée toute particulière pour le Vietnam suite au voyage d'un Conseiller administratif qui avait fait une fausse annonce de jumelage avec Hô Chi Minh-Ville sans que personne n'ait à ce jour fait corriger cette erreur.

Si la Ville de Genève n'a pas vocation à se mêler des affaires du monde, elle ne doit en tout cas pas cautionner des régimes non-démocratiques. Vous pourrez ainsi compter sur moi pour continuer à dénoncer cette situation jusqu'à ce que le Vietnam redevienne un pays libre et démocratique.

C’était lors du « 2018 Geneva Summit for Human Rights and Democracy ». Effy Nguyen parlait avec émotion des innombrables violations des droits humains - perpétrées par un régime illégitime, totalitaire et corrompu - dont sa famille était victime au Vietnam (voir article en bas de page). Il donnait à l’assistance une leçon de courage : ne jamais céder, se lever contre l’oppression et garder – toujours et malgré les difficultés – l’espoir.
 
Du courage et de l’espoir, il en a fallu à la diaspora vietnamienne ces quarante-trois dernières années et j’en fus, grâce à mon père, un témoin privilégié.
 
Dans les années 70 en effet, mon père était journaliste à 24Heures et se rendait souvent à Saigon pour couvrir la guerre. Il me rapportait divers souvenirs du Vietnam: des baguettes, des petits coffrets en laque et surtout, deux chapeaux de l’Armée du Sud Vietnam que mon regretté frère et moi gardions toujours vissés sur nos têtes.  La guerre fut aussi l’occasion pour mon père de rencontrer à Saigon une personne qui devint un ami pour la vie. Il s’appelait Do Viet et s’occupait des contacts entre les journalistes occidentaux et  l’armée du Sud Vietnam. Contrairement à l’écrasante majorité des reporters francophones installés à Saigon, mon père avait une vision dénuée de toute idéologie de la guerre du Vietnam et dressait du conflit un récit objectif et honnête, loin des clichés procommunistes à l’emporte-pièce diffusés par une pseudo intelligentsia.

Malgré les circonstances difficiles

Ce fut ensuite le « Cruel Avril » et la chute de Saigon. La tragédie des boat-peoples nous touchèrent particulièrement. En effet, mon père apprit que Do Viet avait été arrêté et emprisonné, mais deux de ses enfants, Do Ki Nam et Do Ki Son, avaient pu quitter le pays. Ils furent accueillis en Europe, passèrent par la Suisse dans notre maison de Pully avant de s’installer définitivement en France. Je me souviens de leur rire, de leur joie de vivre malgré les circonstances si difficiles pour eux et aussi d’innombrables parties de baby-foot. Do Viet fut libéré bien des années plus tard. Il rejoignit ses enfants et eut l’humilité et le courage de travailler comme bagagiste à Roissy, lui qui était si cultivé, brillant et polyglotte. Je revis Do Viet, Do Ki Nam et Do Ki Son à Paris dans les années 90. Les enfants avaient réussi de belles études et s’étaient magnifiquement intégrés dans la société, mais ils gardaient l’espoir de revenir sur la terre qui les avait vus naître.
 
L’espoir et le courage sont toujours là. Plus que jamais. La mansuétude - consternante - dont a bénéficié en Occident le régime en place s’amenuise inexorablement grâce à l’inlassable combat des démocrates vietnamiens. A l’instar de tous les régimes totalitaires, celui en place au Vietnam est destiné à tomber. Il tombera. Nous aurons bientôt l’occasion de fouler ensemble le sol du Vietnam libre !

Proche sentimentalement

Natacha Buffet-Desfayes, Conseillère municipale

Le Vietnam, une destination si lointaine et en même temps si proche pour moi. Lointaine physiquement, elle est proche sentimentalement. Pendant mon enfance, certains de mes amis (toujours engagés à faire découvrir la culture de leur pays d’origine et bien conscients que l’estomac est un des organes de l’amour !) m’ont ainsi fait fondre pour la succulente et artistique fondue vietnamienne qui garde, depuis lors, une place de choix parmi nos repas de famille. De plus, ils ont œuvré pour que le Viet vo dao soit (de manière assez inattendue, il faut bien l’avouer), le sport le plus pratiqué par les petits écoliers de la région d’Arve et Lac. Ces liens avec le Vietnam se renforcent désormais par ma participation aux fêtes du Cosunam et intensifient, année après année, mon rêve de m’envoler vers ce si beau pays.

Nguyen Trung Ton, pasteur et responsable de la Fraternité pour la Démocratie au Vietnam.

Nguyen Trung Ton est un défenseur des droits de l’homme et un pasteur protestant. Il est l’actuel président de la Fraternité pour la Démocratie, une organisation de la société civile indépendante qu’il a cofondée avec le célèbre avocat défenseur des droits de l’homme Nguyen Van Dai, en prison sans jugement depuis décembre 2015.  En décembre 2011, Nguyen Trung Ton a été condamné à deux ans d’emprisonnement et à deux ans de résidence surveillée pour “propagande anti-étatique” au titre de l’article 88 du Code pénal. Ces dernières années, lui et sa famille ont été constamment harcelés et intimidés par les autorités locales de la province de Thanh Hoa.

Récit par Francis Richard de la soirée de la nouvelle année lunaire du Chien  du 24 février 2018 organisée par le Cercle culturel Lang Viet aux Avanchets-Vernier - cliquez ici

http://www.francisrichard.net/2018/02/tet-2018-aux-avanchets-organise-par-le-cercle-culturel-lang-viet.html

Avec des extraits des messages à la communauté vietnamienne de Genève de MM. Yvan Rochat et Thierry Apothéloz, Conseillers administratifs de Vernier et candidats au Conseil d'Etat.

Yvan Rochat, Conseiller administratif

"Maire et Conseiller administratif de la ville de Vernier depuis 2007, je tiens à saluer le travail réalisé par les associations culturelles et communautaires pour la qualité de vie dans notre Canton. Cet engagement dont vous faites preuve est important pour vous, il l'est également pour l'ensemble des habitants de Genève car vivre et perpétuer l'amour de son pays d'origine c'est en même temps enrichir celui qui accueille. Dans cette perspective, appelé à assumer des fonctions cantonales, je resterai attaché et soutiendrai cette dynamique qui fait de Genève une ville fière d'être enracinée et ouverte."

Cinquante ans après les massacres de Huê lors du Tet 1968 par les communistes, une plongée au coeur d'une nation fracturée.

Par François Guillemot, auteur de « Vietnam, fractures d'une nation» (La Découverte, 2018).

Le Vietnam a été au centre des passions et des convoitises occidentales durant plus d’un siècle. Son destin est devenu un enjeu pour nombre de grandes puissances, la France et les États-Unis bien sûr, mais aussi la Chine, le Japon et l’Union soviétique. Mais que sait-on de cette terre qui a su se jouer de toutes les influences pour bâtir une nouvelle identité ?

« La fabrique du Vietnam contemporain n’en a pas fini avec ses fractures », affirme l'historien François Guillemot en décrivant ce qui demeure aujourd’hui l’un des cinq derniers pays communistes du monde. Si l’économie s’est ouverte dès le début des années 1990, son modèle est trop fragile, sa croissance trop lente, son impact sur l’environnement désastreux.