Commémoration

du 30 avril 2019

Paroles d'Amis Suisses

Rolin Wavre

Député et président du Comité Suisse-Vietnam COSUNAM

44 ans, c’est bien long !

Le 30 avril 1975, il y a exactement 44 ans, tombait Saigon. Pour toute une génération de Vietnamiens, c’était la fin d’une époque et le début d’une autre. La mort ou la souffrance pour certains, l’exil et l’adieu au pays natal pour d’autres. Dans tous les cas, c’est le symbole d’une rupture avec ce qui ne sera plus jamais. Pour tous les Vietnamiens, c’est le rappel aussi, si tant est qu’il en est besoin, que les choses n’ont pas vraiment changé dans le pays, même si la guerre a pris fin.

Pour tous ceux qui sont resté sur place, c’était le début d’une longue période de dictature, le règne du parti unique, l’absence de démocratie et la violation de presque toutes les libertés qui passent pour normales ou acquises en Europe occidentale.  Le début d’une lutte civile, pacifique à laquelle le Cosunam et ses amis apportent une petite pierre. Notamment en s’occupant de soutenir par tous les moyens à notre disposition ceux qui sont victimes de la dictature installée il y a 44 ans.

Pour les plus jeunes, c’est probablement une date de plus en plus abstraite. Il est aussi de notre devoir de leur faire connaitre cet épisode sombre de l’histoire de Vietnam. Ce qui l’a causé et ce qui en a découlé. RW

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Michel Rossetti

Ancien maire de Genève

Amer souvenir

Le 30 avril 1975, le monde stupéfait apprenait la chute de Saigon. S’ensuivaient les premiers départs de Vietnamiens par la mer puis le terrible et long exode dit des  boat people, qui se prolongera jusqu’à la fin des années 80. Au total ce sont près de 2 millions de vietnamiens qui se sont enfuis par tous les moyens. Combien d’entre eux ont péri en mer engloutis ou assassinés par des pirates ? A ce cortège de malheurs, s’ajoute encore l’envoi en prison ou en camps de rééducation de centaines de milliers de personnes, hauts fonctionnaires, officiers de l’armée, membres influents d’anciens partis ou personnes suspectes…

Tragique bilan, qui devrait faire réfléchir celles et ceux qui ne considèrent pas à leur juste valeur les bienfaits de la démocratie.

En cette journée de commémoration et de deuil, il s’agit aussi de ne pas oublier qu’en dépit de toutes ses tentatives visant à se parer du sceau de la respectabilité, les autorités vietnamiennes continuent à réprimer, à condamner à de longues peines de prison celles et ceux qui ont le malheur de prôner des idées de liberté, de démocratie et de justice. MR

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Sébastien Desfayes

Ancien président du parti démocrate-chrétien genevois

Violence et répression

44 ans après la chute de Saigon, où en est sous l’angle du respect des Droits de l’Homme la si mal nommée République Socialiste du Vietnam ?
 
Lors de la 125ème session du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme, retranchés, pour ne pas dire terrés, derrière une langue de bois que n’auraient pas renié les anciens dignitaires de feue l’Union Soviétique, les quelques apparatchiks de la délégation vietnamienne n’ont apporté aucune réponse à cette question - et pour cause !
 
Les interventions des experts de la commission ad hoc des Nations-Unies ont éclairé d’une lumière crue le régime vietnamien qui, derrière les belles images de carte postale liées à un tourisme en essor, présente en réalité tous les attributs d’un régime totalitaire : élections non-démocratiques, absence de séparation des pouvoirs, omnipotence et omniprésence de l’Etat-Parti Communiste, oppression des opposants et des minorités, détentions et expulsions arbitraires, etc.
 
Il ne sera d’ailleurs jamais assez souligné le courage des opposants face aux actes de violence délibérés des forces de sécurité.
 
Pendant longtemps, la République Socialiste du Vietnam a bénéficié en Occident d’une ahurissante complaisance, très certainement liée à un sentiment de culpabilité bien entretenu par « l’amicale communiste ». La 125ème session du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme a cependant montré que le vent avait tourné. Le temps de la mansuétude à l’égard du régime vietnamien est bel et bien passé. Il aura fallu 44 ans. SB

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Anne Marie von Arx-Vernon

Députée et experte de la lutte contre la traite des êtres humains

L'espoir est toujours plus fort que la peur

30 avril 1975 : Chute de Saïgon, 44 ans de commémoration de ce « Black April » et toujours autant de sentiments d’injustice et de gâchis face à cette catastrophe humaine qui a engendré la fuite de leur patrie bien-aimée de millions de Vietnamiens et la mort en mer de 300'000 malheureux d’entre eux. Beaucoup ont trouvé des terres d’accueil comme à Genève où ils ont enrichi de leurs cultures et de leurs valeurs notre société locale.

Je suis fière et honorée que mes amis vietnamiens me demandent d’être parfois leur porte-parole pour des causes qui leur tiennent à cœur et que je partage avec eux.  En ce « Black April » de 2019, je tiens à partager avec chacune et chacun d’entre vous un message de courage pour poursuivre votre combat, non violent et tellement légitime, afin de voir ce beau pays accéder à la liberté d’expression, à l’éducation pour tous, à l’égalité des chances et enfin à la vraie démocratie,

Vous me savez à vos côtés, notamment dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux minorités et contre la traite des êtres humains que le gouvernement communiste a instituées comme modèle de société.

Cette commémoration une fois de plus teintée de tristesses et d’émotions ne doit pas vous faire oublier que l’espoir est toujours plus fort que la peur ! AMVA

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Jean-Marc Comte

Conseiller administratif, vice-président du Comité Suisse-Vietnam

Honneur aux dissidents

44 ans d’exode, ce n’est sûrement pas le temps qu’ont imaginé passer hors de leur pays tous les exilés de Saigon et du Vietnam.
Deux générations, des enfants nés dans leur pays d’accueil, en Suisse, aux Etats-Unis, en Belgique, en France ou ailleurs. Des enfants qui, pour la plus-part, n’ont jamais connu leurs racines et leurs proches obligés de rester au pays.

Alors…Alors, il est temps de les laisser revenir au Vietnam, de les laisser retrouver leur famille, de les laisser revoir leur village ou leur quartier, redécouvrir leur pays et ses paysages.

Bravo à vous, Madame Tran thi Nga, M. Dang Xuân Diêu, M. Nguyen Van Dai, M. Dang Xuong Hung et tant d’autres qui n’acceptez pas ce régime anachronique qui prive des libertés les plus élémentaires ses propres citoyens.

Le privilège de vous accueillir au Grand-Saconnex n’aura d’égal que l’immense plaisir de vous voir… repartir un prochain jour ! Pouvoir repartir libres, rejoindre un nouveau Vietnam, démocratique, respectueux de ses traditions et de ses religions, ouvert aux idées et au monde.

Enrichi par vos convictions et votre courage, ce sera un réel bonheur de vous accompagner dans ce retour qui ne doit plus tarder. JMC

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Simon Brandt

Député

Démocratie et droits de l'homme

pour le Vietnam

Nous commémorons les 44 ans de la chute de Saïgon, que certains osent appeler encore libération, mais qui n'a été rien d'autre que la chute d'un Etat libre en Asie. Et si les dénominations pour qualifier ce jour ne manquent pas, « Ngày mất nước » (le jour où nous avons perdu le pays) ou «Tháng Tư Đen» (Avril noir) ; tous les amis du Vietnam seront d'accord pour que celle-ci ne soit qu'une étape et non un épilogue.

Avec la certitude, et non l'espoir, que la démocratie, la liberté et les droits de l'homme refleurissent bientôt dans les rues de Saïgon et non d'Hô-Chi-Minh-Ville. SB

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Serge Dal Busco

Conseiller d'Etat

Un peuple privé de l'essentiel

C’était il y a 44 ans, le 30 avril 1975, et je m’en souviens comme si c’était hier.
La chute de Saigon, c’était la fin de la guerre mais aussi le début de la mainmise totale, sur l’ensemble du territoire de Vietnam, de la part d’un régime se prétendant au service du peuple mais qui n’a eu de cesse de tout faire pour le priver de l’essentiel: la liberté et le respect des droits humains !

À tous mes amis du Cosunam qui, en Suisse et partout ailleurs, luttent sans relâche et de manière non violente pour un Vietnam  libre et démocratique, je dis tout mon respect, mon soutien et mon amitié. SDB

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Pierre Maudet

Conseiller d'Etat

Genève, ville refuge et ville souvenir

pour les boat-people

Votre combat est le nôtre. Genève est dépositaire de valeurs universelles parmi lesquelles la défense des libertés, toutes les libertés, publiques et privées, tient une place particulière. Cette place, c’est celle d’un combat permanent car rien n’est acquis dans ce domaine. Or la défense des libertés ne se divise pas en fonction des lieux, des époques ou des causes. C’est la raison pour laquelle votre combat prend tout son sens à Genève, ville refuge et ville souvenir pour les boat people. C’est un honneur pour cette ville de recueillir ce combat et d’avoir érigé en leur mémoire la 1ère stèle en Europe. 

Avec fidélité et amitié. PM

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Bernard Favre

Penser au Vietnam de demain

44 ans d’espoir.
C’était il y a 44 ans, le 30 avril. Saigon tombait aux mains des troupes communistes. Pour des centaines de milliers de citoyens de ce pays, l’exil. La mort. Parfois les deux. Pour mes amis, aujourd’hui membres du COSUNAM, cette date symbolise la fin du monde dans lequel leurs parents auraient voulu les voir vivre. Pendant quelques mois, quelques années, ils pouvaient encore espérer, secrètement, un retour au « monde d’avant ». Mais le monde d’avant est définitivement hors de portée, la nostalgie n’est d’aucun secours.

C’est pourquoi, depuis lors, chaque année, le 30 avril devient l’occasion de penser au monde de demain. Celui qui adviendra quand ce régime, comme tous les régimes qui se fondent sur la violence et l’oppression, finira par s’effondrer. Penser à ce demain est essentiel. Car oui, le régime s’effondrera. Et ce jour-là, le pays aura besoin d’une véritable relève. De personnes qui ont déjà réfléchi à l’après, à l’alternative, à la reconstruction.

Cette responsabilité, mes amis du COSUNAM l’assument, avec nos amis plus lointains du VIÊT TÂN, partout dans le monde. Ils ne rêvent pas: ils travaillent. Leur combat n’est pas la nostalgie. Leur combat, notre combat, c’est l’espoir. BF

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N'oublions pas Tran Huynh Duy Thuc qui, à ce jour, refuse tout exil à l'étranger pour mieux défendre la cause des droits de l'homme