Viêt Nam, 30 ans d'oppression, d'injustice et de misère...

M. et Mme Nguyễn Lê Nhân Quyền Ligue vietnamienne des droits de l'homme en Suisse.

publié dans "Entreprise romande", publication de la Fédération des Entreprises romandes, 10.5.2005

Il y a trente ans, le 17 avril 1975, Phnom Penh tombait aux mains des Khmers rouges, dont plusieurs dirigeants génocidaires étaient d'anciens disciples et alliés de Ho Chi Minh. Puis, le 30 avril 1975, les troupes communistes nord-vietnamiennes, entièrement armées par la Chine et soutenues par des chars et missiles soviétiques, envahissant le Sud Viêt Nam libre, entraient à Saigon. Pas de soulèvement populaire. Des millions de Sud-Vietnamiens ont été déportés dans des camps de concentration. Plusieurs intellectuels, philosophes, religieux et gens de plumes de renom y ont perdu leur vie. Comme leurs frères et soeurs cambodgiens et laotiens, des millions de Vietnamiens ont été contraints à l'exil. Repris et punis par les gardes-côtes communistes. Violés et massacrés par les pirates riverains. Noyés et dévorés par les requins. Morts de faim, de soif et d'épuisement. Des centaines de milliers de boatpeople ont disparu dans les mers du Sud et de l'Est, dans le Pacifique.

Les bouleversements en 1989 et en 1991 ont ouvert de multiples voies à la conquête de la Liberté et de la Dignité humaine pour les peuples de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique. Face à ces événements historiques, le régime de Hanoi demeure un pur produit de l'intégrisme stalinisme-maoïste. Il a sévèrement condamné "Solidarnosc". "Viêtnam, cette oppression sanglante" dénoncée par Raymond Aron nous fait penser à cette phrase de M. Huntzinger, ancien secrétaire national du Parti socialiste français: "Hanoi, le plus dur et le plus répressif de tous les partis communistes", ou encore, Enrico Berlinguer, ancien secrétaire général du Parti communiste italien: "Les communistes vietnamiens sont des plus sales impérialistes de l'histoire des impérialistes".

Durant trois décennies, la grande majorité de la population vietnamienne vit dans l'oppression, l'injustice et la misère. L'âme et l'esprit de tout un peuple laborieux, pacifique, amical et tolérant est mis en résidence étroitement surveillée. Et tout le pays souffrant d'une longue guerre injuste et inhumaine, reste écrasé sous le fardeau de l'armée et de la police, instruments de la dictature parmi les plus violentes et les plus corrompues d'Asie. La culture millénaire est étouffée et aliénée par l'idéologie marxiste-léniniste. Des grandes bibliothèques du Sud non communiste fraîchement occupé ont été dévastées par les "Gardes rouges" vietnamiens. D'innombrables oeuvres littéraires, philosophiques et religieuses confisquées, détruites ou interdites. Plusieurs milliers de prisonniers politiques, d'opinion et de conscience croupissent toujours dans des camps de travaux forcés. Les Rapports d'Amnesty International, de Reporters sans Frontières, d'Human Rights Watch, du Comité de défense des écrivains en prison, des Résolutions du Parlement Européen et du PEN International, des Avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU, etc. continuent à être de véritables inventaires accablants des violations des droits de l'homme au Viêt Nam. Faut-il encore rappeler que le régime de Hanoi occupe la troisième place mondiale selon les statistiques d'Amnesty International sur le nombre de condamnés à mort exécutés en 2004?. Ces types d'informations sont considérés comme secrets d'Etat par les autorités du Viet Nam communiste, où la liberté d'expression, la liberté de presse et d'information sont inexistantes.

En commémorant ces Journées d'Avril Noir pour les peuples cambodgien, laotien et vietnamien condamnés à l'esclavage, nous, réfugiés boatpeople installés en Suisse, tenons à exprimer notre gratitude envers le peuple helvétique et ses autorités qui nous avaient accueillis et aidés après nos fuites périlleuses. Amis suisses, joignez vos voix aux nôtres pour que nos frères et soeurs opprimés puissent retrouver une paix juste et véritable, celle des "hommes et femmes debout, libres et fraternels"...

M. et Mme Nguyễn Lê Nhân Quyền Ligue vietnamienne des droits de l'homme en Suisse.