Publiées le 28 avril
2005
F.-M. Meyrat - Genève, avril 2005.
Il y aura 30 ans, le 30 avril prochain, que
les hordes nord-vietnamiennes déferlaient sur Saigon mettant
ainsi fin à 30 années de guerre révolutionnaire. Tout le
monde a retenu l'image du blindé livré par le grand frère
russe brisant les grilles du Palais de l'Indépendance. Tout un
symbole !
Contrairement à ce que les chefs communistes
attendaient, il n'y eu point de soulèvement populaire mais un
soulagement légitime à l'idée de la fin des combats. La
curiosité suscitée par la présence de ces troupes plus
qu'étrangères, le Vietcong ayant été anéanti en 1968, et
les illusions démocratiques allaient rapidement s'estomper :
imposition d'un système totalitaire, liquidation de ce qui
restait du Front de Libération Nationale, mise au pas et en
camps de tous les officiers de l'ARVN, des intellectuels, des
démocrates, des prostituées, etc…. Combien en sont revenus ?
La mortalité y était plus élevée qu'à Buchenwald !
L'arrivée des bo doi d'Hanoi était
tellement désirée que près de 3 millions de personnes ont fui
leur pays en constituant la deuxième vague des boat people, la
première ayant eu lieu en 1954. Contrairement à ce que les
bien pensants affirmaient à l'époque, il ne s'agissait pas
seulement de fuite de bourgeois ou de marchands fortunés mais
également de catholiques, d'enseignants, d'ouvriers, de
soldats. Contrairement à ce que l'on a également affirmé
beaucoup de soldats sud-vietnamiens se sont bien battus durant
ces années de guerre et avec l'appui de l'armée américaine,
la résistance du peuple sud-vietnamien à l'agression
communiste a permis à la Thaïlande, à l'Indonésie, à la
Malaisie et à Singapour de ne pas tomber sous le joug marxiste.
Seuls le Laos et le Cambodge ont été entraînés dans ce type
de dictature avec les résultats que l'on sait, notamment sous
le règne des Khmers rouges, dès 1975 au Cambodge.
Si les communistes ont créé une première
résistance anti-française dès 1945 et une résistance
anti-américaine dès 1964, nous les félicitons d'avoir créé
une troisième résistance, anti-communiste celle-là, dont le
patriote TranVan Ba en est la figure emblématique. Nous
souhaiterions d'ailleurs que les leaders vietnamiens nous
donnent quelques éclaircissements au sujet de son exécution en
1985.
Paradoxalement cette résistance a été
alimentée par leurs propres troupes car les soldats
nord-vietnamiens débarquant à Saigon en 1975 auront pu aussi
découvrir un autre monde et que le marxisme n'était pas la
seule solution pour améliorer leur condition sociale. Je ne
contesterai pas les deux victoires rouges que j'attribue au
régime marxiste d'Hanoi, à savoir la fin des exportations du
riz par le Vietnam du Sud pour devoir en importer et d'avoir
fait de ce pays un des pays les plus pauvres de notre planète.
Leur changement d'orientation économique actuel n'y changera
pas grand chose car la nature totalitaire du régime subsiste.
Lorsque tous nos gauchistes fêteront cet
anniversaire, souhaitons qu'ils méditent quelque peu sur la fin
des libertés démocratiques que les tenants de la pensée de
l'oncle Ho ont mis à mal. Tous les braillards des droits de
l'homme devraient s'interroger sur le nombre de prisonniers
politiques qui sont incarcérés dans ce pays. Mais, à n'en pas
douter, ils auront une fois de plus l'indignation sélective.
F.-M. Meyrat - Genève,
avril 2005.