Navire
suisse au secours des "boat-people"
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Sans leur coquille de noix ballottée par les
vagues, traqués par les pirates thaïlandais, les boat-people
vietnamiens n'ont pas d'émetteurs radio pour lancer des s.o.s.
Mais ils peuvent toujours faire des signes aux navires qu'ils
croisent. Des capitaines au coeur de pierre font toutefois
semblant de ne pas les voir. Ce n'est heureusement pas le cas,
un certain jour de 1977, en mer de Chine, avec le capitaine
Carlo Guidi du navire de Suisse-Atlantique Los ANDES.
Trente-sept "naufragés
volontaires", dont 10 femmes et 13 enfants, se sont
embarqués à Vung Tau, près de Saigon, sur un petit bateau de
pêche. Un équipage bien mélangé: le propriétaire du bateau,
57 ans, et toute sa famille, des petits pêcheurs, des paysans,
la femme et le fils d'un ancien officier de l'armée
sud-vietnamienne interné dans un camp de rééducation, un
ex-sergent de l'armée de l'air. Après six jours de navigation,
le moteur de leur embarcation a rendu l'âme et ils dérivent
pendant deux jours, perdant espoir. Recueillis ensuite sur un
cargo formosan, ils ont la mauvaise surprise d'être
réveillés, à l'aube du troisième jour, par le capitaine qui
leur désigne un canot de sauvetage mis à l'eau et leur indique
la direction de la côte japonaise la plus proche, à 9 milles
(16km):
-Nous pleurions, car nous n'avions même plus
la force de ramer, racontera l'ex-sergent.
Finalement, les Vietnamiens sont recueillis,
le 26 mai 1977, par le Los ANDES, à 80 km au sud-ouest de
l'île d'Ishigakiyima, près d'Okinawa. Partis le 5 mai, de leur
pays, ils sont restés une vingtaine de jours en mer.
Les autorités helvétiques ont fait, et
tenu, une promesse pour faire fléchir les autorités
japonaises: le Département fédéral de justice et police s'est
engagé à accueillir en Suisse les trente-sept indésirables.
"Mais ne nous ramenez pas chaque semaine une nouvelle
troupe!" recommandera Berne à la compagnie maritime
lausannoise.
Le 27 juillet, les protégés du capitaine
Carlo Guidi débarquèrent à Kloten et allèrent passer deux
mois au centre d'accueil d'Altstätten, dans le canton de
Saint-Gall, pour s'acclimater aux moeurs helvétiques et..' au
schwyzerdütsch!