Saigon tombe aux mains des troupes
communistes nord-vietnamiennes. Déjà, les Américains, qui ont
retiré leurs troupes du Vietnam après la signature des accords
de Paris en 1973, évacuent en catastrophe leurs ressortissants
de la capitale et près de 160 000 personnes proches de l'ancien
régime craignant pour leur vie. Elles trouveront refuge aux
États-Unis, au Canada en France et en Suisse.
Comme plusieurs de ses compatriotes, le mari
de Thu Van Lam, directeur d'un hôpital sous l'ancien régime,
sera emprisonné. Les " traîtres " - militaires,
fonctionnaires du Sud, opposants au nouveau régime - sont
envoyés dans des camps de rééducation politique.
Embrigadement continu, délation au sein de la population,
absence de libertés démocratiques, les exactions du
gouvernement se révèlent nombreuses.
L'abolition du commerce privé et la gestion
inefficace des zones d'économies nouvelles, censées contrer le
chômage et relancer une agriculture anémique en transférant
les populations des régions surpeuplées vers les campagnes,
font croître le mécontentement de la population. Pour parvenir
à quitter le Vietnam, il faut payer des sommes élevées et
pouvoir compter sur des contacts fiables. Perte du domicile,
arrestations et séjours de trois à dix ans en camp de
rééducation, pots-de-vin pour être libéré, tels sont les
risques encourus en cas d'échec, comme le raconte Thu Van Lam.
Selon le Haut Commissariat pour les
réfugiés (HCR), entre 1975 et 1980, près de 500 000
réfugiés de la mer auraient ainsi fui le Vietnam. Mais la
traversée sur des embarcations surpeuplées, la faim, la
maladie, les intempéries et la piraterie, auraient eu raison
d'environ 150 000 d'entre eux.