Le 30 avril 1975,

Saigon tombe aux mains des troupes communistes nord-vietnamiennes. Déjà, les Américains, qui ont retiré leurs troupes du Vietnam après la signature des accords de Paris en 1973, évacuent en catastrophe leurs ressortissants de la capitale et près de 160 000 personnes proches de l'ancien régime craignant pour leur vie. Elles trouveront refuge aux États-Unis, au Canada en France et en Suisse.

Comme plusieurs de ses compatriotes, le mari de Thu Van Lam, directeur d'un hôpital sous l'ancien régime, sera emprisonné. Les " traîtres " - militaires, fonctionnaires du Sud, opposants au nouveau régime - sont envoyés dans des camps de rééducation politique. Embrigadement continu, délation au sein de la population, absence de libertés démocratiques, les exactions du gouvernement se révèlent nombreuses.

L'abolition du commerce privé et la gestion inefficace des zones d'économies nouvelles, censées contrer le chômage et relancer une agriculture anémique en transférant les populations des régions surpeuplées vers les campagnes, font croître le mécontentement de la population. Pour parvenir à quitter le Vietnam, il faut payer des sommes élevées et pouvoir compter sur des contacts fiables. Perte du domicile, arrestations et séjours de trois à dix ans en camp de rééducation, pots-de-vin pour être libéré, tels sont les risques encourus en cas d'échec, comme le raconte Thu Van Lam.

Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), entre 1975 et 1980, près de 500 000 réfugiés de la mer auraient ainsi fui le Vietnam. Mais la traversée sur des embarcations surpeuplées, la faim, la maladie, les intempéries et la piraterie, auraient eu raison d'environ 150 000 d'entre eux.